mercredi 30 mars 2011

VIOLENCE À L'ÉCOLE - UN CADRE DE RÉFÉRENCE

Si vous étiez menacé physiquement et insulté par votre troisième voisin que feriez-vous?  N'appelleriez-vous pas la police? Dans votre esprit, ne penseriez-vous pas que ce sont des gestes illégaux et que les lois de la société vous protègent? Vos enfants qui ne sont que des enfants ont-ils cette protection? Il semble que non! Pour eux pas de police pour les protéger dans leur école où ils passent 5-6 heures par jour. Je me demande si leur ange gardien leur suffit?

L'école est encore et  toujours un lieu où fleurit le taxage, l'intimidation, le chantage et diverses autres formes de violence, de tentative d'asservissement, d'ostracisme que ce soit pour fifage appréhendé, réussite trop grande, tête ou ventre trop gros ou nez croche.

L'école n'a pas changée depuis l'époque où nous la fréquentions. La société par ses lois et son système de justice  n'y est pas présente et, conséquemment,  nos enfants n'apprennent pas à y vivre; ils doivent survivre en milieu violent. Je crois ceci. Après la prison, l'école demeure l'institution la plus violente de la société. Et, ce qui n'est pas dit, c'est qu'elle est hors la loi. Je veux dire que les lois de la société n'y prévalent pas, et cette société de droit n'y est pas promue. Et personne ne réfléchit à cette question. Je dois détonner, d'ailleurs, en m'exprimant de la sorte!
J'oubliais que la direction d'école est présente et les enseignants. Oh! Et qu'ils font la loi et qu'ils font la police, et qu'ils font justice. Cela ressemble étrangement à la mafia qui fait sa loi, l'applique et sévit en conséquence de ses propres décisions. Ni l'un ni l'autre ne réfère aux lois de la cité, de ma cité, ils ont leur propre loi et leur propre système de justice. Ils sont hors la loi, disais-je!

Je ne connais pas de règles d'école qui se définit explicitement en fonction des lois de la société. Prenez par exemple ce que l'on apprend cette semaine au Québec: il semble que souvent les directions d'école tentent de replacer les victimes de violence dans d'autres écoles parce que toucher aux abuseurs créerait tout un remous dans la population étudiante qui gravite autour de ses caïds; lorsqu'elles ont davantage de courage, on déplacera parfois les abuseurs vers d'autres lieux et on tentera de protéger les victimes; la plupart du temps, semble-t-il on tentera de contrôler les apparences et on sera 'tolérant' dans une bonne mesure; les plus à la mode prétendent à « tolérance zéro » comme le veut le slogan inventé il y a plus d'une vingtaine d'années me racontent mes souvenirs.  Chacun fait justice à sa façon selon les règles qu'il établit et ses humeurs particulières.


Il est vrai que les enfants sont des personnes depuis fort peu et que la société de droit ne leur semble pas accessible puisqu'ils auraient mieux: les règles de l'école, la surveillance de l'école, la justice de l'école, les punitions de l'école. Manifestement ce mieux est aléatoire et équivoque. Qui d'entre vous accepterait de vivre dans une société où ce sont les mêmes qui font les lois, les appliquent, rendent justice, décident des sanctions et entendent les recours. Cela s'appelle une dictature en termes habituels!!!Et, les dictatures entraînent l'asservissement d'une part et la violence d'autre part. Dans une démocratie, le système législatif est distinct du système policier et du système judiciaire. Quand donc l'école montre-t-elle à nos enfants ce fondement démocratique essentiel? Convenons qu'il y a un énorme paradoxe: les enfants sortent de l'école et entrent dans la société sans jamais avoir connu la société de droit. QUAND DONC DEVIENNENT-ILS DES CITOYENS?

Je serai odieux ici en disant que les profs ou membres de directions qui tolèrent la violence et l'intimidation devraient être poursuivis pour complicité avec des criminels et qui, ce qui est aggravant, des criminels à l'endroit d'enfants. Car n'est-il pas davantage connu que la loi de la Protection de la Jeunesse fait obligation à tous de déclarer la violence faite à un enfant! Si je ne suis pas odieux, la situation est tout de même paradoxale.


Vivement que la société de droit fasse son entrée à l'école et que l'école se donne comme mission de former des citoyennes et des citoyens.
L'école a besoin d'un cadre de référence pour son travail d'éducation et ce cadre c'est la société démocratique de droit. Rien de très compliqué lorsqu'on considère les enfants comme des personnes et d'éventuels concitoyens et qu'on se sent soi-même citoyen.
Et alors, parce que je suis un éducateur et que je crois qu'il est du devoir de l'école de faire progresser cette société de droit, je milite pour que dans l'école s'institue une justice qui ne se confine pas à la punition comme celle non-aboutie qui prévaut dans la société actuelle. Je milite pour une justice qui intègre réconciliation et réparation. C'est cette justice qui est éducative des agresseurs et des agressés, c'est cette justice qui, en ne répandant pas l'exclusion des uns et des autres, favorise des rapports de respect.

Et je demande aux intervenants dans l'école de quitter leur ghetto et de se conduire en citoyens de la même cité que la mienne : des citoyens de la société de droit. Je me sentirai alors davantage fier de cette école et croirai que les enfants de ma cité ont la sécurité nécessaire pour grandir et croître.

Jean