mardi 24 avril 2012

LA CULTURE DU PARDON


LA CULTURE DU PARDON


Peut-être ne le réaliserons-nous pas, mais la culture judéo-chrétienne ambiante fait porter le tort aux victimes. C'est une culture de violence.


Si cette victime veut faire quelque reproche que ce soit à son offenseur, on lui demande de ne pas égratigner encore moins léser l'ego de son offenseur, ni en public ni en privé. Si la victime s'insurge à l'encontre de cette demande implicite, on lui fera comprendre qu'elle est en colère - ce qui n'est pas beau du tout, c'est un vilain défaut - et qu'elle entretient en elle quelque chose qui la détruit alors qu'elle pourrait vivre heureuse comme tout le monde, qu'elle est malade et peut-être anormale. Elle doit trouver des mots qui, comme dans le « politiquement correct et le marketing d'image » n'offense en rien son offenseur, tout en parlant de l'offense sans trop avoir l'air de se plaindre, car le comportement de victime, on n'en veut pas. Bonne chance car peut-on se sortir indemne d'un tel corset!


Constatons également qu'il est extrêmement rare de voir ou d'entendre un offenseur demander pardon. Le mieux en cette matière est une action autonome de s'excuser. Jamais entend-on un offenseur qui demande pardon, rarement demande-t-il d'être excuser. Il s'excuse luii-même sans que la victime ait quelque chose à voir la dedans. Affaire conclue.


Évidemment si l'offenseur est reconnu comme un criminel et a perdu toute prérogative à un statut social quelconque , alors là, il est de bon ton qu'il s'humilie au point de demander pardon. Mais c'est une action réservée à cette catégorie d'agresseurs. Un offenseur ordinaire dans la vie sociale, ne demande pas pardon et c'est bien son droit de préserver son statut et sa dignité dans notre culture violente.


Cela est si vrai qu'un éminent anthropologue de l'Université de Laval, Bernard Dagenais a écrit un livre qui montre clairement que l'agresseur a raison, obtient raison, gagne dans la très vaste majorité des cas des avantages et la reconnaissance sociale de sa primauté..( DAGENAIS, Bernard L’éloge de la violence, France, 2008, Éditions de l’Aube, 320 p. )


Sachez que la grande fête de Yom Kippour chez les juifs permet à chacune et à chacun de faire porter ses offenses, agressions, fautes et péchés sur un bouc qui sera envoyé au désert pour y mourrir. Cela évite, assurément de demander pardon à la victime de ses actes et permet , sans regret, de recommencer à neuf annuellement. Et sous des dehors conquérante, la culture juive construit la culture de victime en son sein. Sans oblitérer les avatars subis par ce groupe d'humains, disons que le juif errant y trouve son compte.


Ajoutons le Notre Père qui nous viendrait de Jésus lui-même. On y demande à la victime de pardonner à son offenseur s'il veut être pardonné, wow! par Dieu lui-même, de ses propres fautes., Pas un mot d'injonction à l'agresseur qui s'en tire totalement indemne. Cela aura contribué, nommément, au pouvoir ecclésiastique de régner sur un troupeau d'asservis.


Le XXe siècle a commencé à réinventer le pardon sur une large échelle. Desmond Tutu, Nelson Mendala en Afrique du sud y sont allés d'une contribution majeure. Ici, suite à l'abolition du crime de l'apartheid on a cherché tout d'abord à établir clairement et explicitement les faits et gestes des agresseurs, les agresseurs ont demandé pardon, et on a suggéré aux victimes d'offrir le pardon. D'autres peuples ont suivi cet exemple réparateur. Le pape lui-même verse un peu dans la reconnaissance des fautes de l'église catholique à l'égard des juifs, un peu moins à l'égard des femmes et des enfants agressés.


VOIC LES ÉTAPES QUE NOUS VALORISONS AFIN DE RECONSTRUIRE LES LIENS DE CONFIANCE MIS EN CAUSE PAR DIVERSES OFFENSES ET AGRESSIONS.


POUR L'AGRESSEUR, VOICI DES ÉTAPES UTILES OU NÉCESSAIRES:


N .B .( Une bonne façon, généralement valable, de savoir si une action de notre part a été offensante est de s'en remettre à la perception de la personne qui se sent offensée.)

1. Reconnaître les offenses comme lui appartenant; assumer son entière responsabilité pour les gestes d'offense commis.

2. Nommer spécifiquement les faits offensants .

3. Reconnaître l'effet néfaste objectif des offenses commises et reconnaître qu'ils ont pu avoir et ont eu cet effet sur la victime.

4. Éprouver des regrets sincères, les communiquer spécifiquement à la victime.

5. Manifester une empathie véritable devant les blessures causées et demander pardon sans toutefois attendre de le recevoir ( le donner appartient à une victime libre de le donner.)

6. Réparer les torts causés à la victime. Ce peut-être nommément par une reconnaissance publique de l'offense et du tort occasionné si celle-ci est publique ou d'autre forme de compensation et de réparation en lien avec l'offense.



RECONNAÎTRE CES ÉTAPES ET LES METTRE EN ŒUVRE, C'EST CONTRIBUER À UNE CULTURE DE DIGNITÉ POUR TOUS. AINSI S'AMENUISERA LA CULTURE DE VIOLENCE DANS LAQUELLE NOUS BAIGNONS SI ABONDAMMENT.

mardi 17 avril 2012

ESSAI POUR UNE COMPRÉHENSION DE L'INCESTUAT

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Cet essai m'a coûté force souffrances.

Je n'ai trouvé dans la littérature aucun texte qui traite de la nature des pulsions de l'incestueur-incestueuse. (Relisez, je vous prie! ) Cela n'existe pas, ni en psychologie, ni en psychiatrie, ni en anthropologie, ni...Et c'est ainsi depuis que, au début de l'humanité, des tribus primitives ont inventé le tabou sur le sujet. Tabou veut dire qu'on ne doit pas parler de la « chose » – et l'ensemble des sciences humaines actuelles obéit toujours à l'interdit -, comme toutes les sociétés et depuis si longtemps.

Toutefois, vous aurez compris que le viol d'enfant se commet à qui mieux mieux par des adultes, au sein des familles. Mais on n'en parle pas et, en conséquence, la grande majorité des incestueurs et des incestueuses ne sont pas importunés. Ils-elles vivent dans l'impunité du tabou, c'est-à-dire sous le couvert du déni de toute la société.
Le terme inceste signifie l'union illicite ou illégale entre deux adultes consanguins ou apparentés. Sans grande surprise pour moi, le terme cache le crime de viol d'enfants au sein des familles. J'en ai eu marre de cette cachette et de cette confusion et j'ai choisi d'utiliser le terme « INCESTUAT » pour le désigner clairement. La désinence at est propre au génie de notre langue, comme dans résultat ou assassinat et bien d'autres. Découle en conséquence, les termes incestueur-incestueuse pour désigner les adeptes du crime et incestué-incestuée l'enfant ou l'enfante asservi-e. Vous verrez, c'est plus clair comme ça!
Mon texte est donc une première – et c'est pour cela que je l'ai titré ESSAI. Vous pourrez être parmi les premiers lecteurs ou lectrices si vous le désirez.

Pour arriver à l'écrire, j'ai du considérer mes pulsions à commettre ce crime. Cela est particulièrement difficile pour quelqu'un qui comme moi en a été victime, alors que je commençais à peine à être un enfant. ( Après, je n'ai plus été enfant et j'ai eu peine - longtemps, longtemps, (près de soixante ans ) - , à survivre comme adulte. Maintenant, j'ai soixante et dix ans et suis heureux de ma vie! Une route longue dont je ne peux et ne voudrais pas changer. La mienne!)

À votre tour, lire cet essai vous mettra à risque soit de vous défaire de vos idées préconçues et fausses ou d'enterrer plus profondément en vous la question posée. Vous pourrez choisir en connaissance de cause.

Alors, en toute compassion, je vous souhaite une bonne mise à jour.
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Essai pour une compréhension
de l'«incestuat»
et
Engagement
à faire cesser l'«incestuat»




LES TERMES UTILISÉS :
des néologismes nécessaires



La commission habituellement par un adulte d'un acte sexuel sur la personne d'un enfant est un fait de longue tradition, mais il est tout récent qu'il soit désigné et considéré comme un crime. L'enfant – infans en latin, qui signifie 'celui qui ne parle pas ' — a dû devenir une personne avant qu'on reconnaisse le crime en question. La Convention internationale des droits de l'enfant voit le jour le 20 novembre 1989.
Le terme inceste a depuis longtemps désigné l'union illicite et souvent illégale entre membres adultes d'une même famille. Le terme ne fait donc pas état du crime contre l'enfant et on l'utilise par emprunt, par extension et souvent en semant ou en entretenant de la confusion.
Pour notre part, nous aimerions voir adopter le terme «incestuat» pour désigner cette action criminelle. Le suffixe ''at '' est usuel en français pour signifier nommément une action ou un résultat. Il accompagnerait le verbe « incestuer » dont le sujet pourrait être l' « incestueur » ou l' « incestueuse», et l' “incestuée» ou l' « incestué» en serait la victime. On aurait ainsi une bonne cohérence des termes en respect du génie de notre langue.



En conséquence, les termes suivants seront utilisés et le seront dans le sens décrit :



«incestuat» : un acte à contenu sexuel, quelque en soit la nature, commis habituellement par un adulte sur un enfant et donc, implicitement et nécessairement considéré comme un viol. Le terme inceste sera réservé pour désigner l'union illicite et souvent illégale de deux adultes d'une même famille. Dans le cas d'inceste, le viol n'existe pas implicitement comme dans l'«incestuat».



« incestuée » - « incestué» : l'enfante ou l'enfant victime qui subit l'«incestuat». Elle ou il ne peut jamais être tenu responsable ou co-responsable du crime. Jamais.



«incestueur»- «incestueuse» : habituellement l'adulte offenseur qui commet l'«incestuat» ou l'adjectif qui qualifie le résultat de l'action d' «incestuat».



«incestuer» : commettre l'«incestuat».



Postulat



L'«incestuat» est un crime social contre la personne d'un enfant. nous conçevons l'«incestuat» comme un crime produit conjointement par une «incestueuse» ou un «incestueur» avec le concours de toute une société et d'une famille dont elle fait partie. Et la prévalence du crime de l'«incestuat» ne peut décroître que par le concours de tout un chacun, chacune.

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CONTEXTE ACTUEL


L'incestuée ou l'incestué est la victime d'un crime dégueulasse, comme elle le dit elle-même, et le public, sans trop y penser, accepte l'affirmation. M'est avis que le public soutient la proposition à distance. En effet, si le témoignage d'incestuat se rapproche davantage d'un membre de ce public, ce dernier réagira bien différemment. Les victimes peuvent le corroborer, elles qui tentent, un jour ou l'autre, d'en parler à leur entourage. Les réponses qu'elles reçoivent sont régulièrement celles du déni, s'accompagne bien souvent d'une demande de tourner la page, de se taire et d'oublier le passé ou de se faire soigner. Ce n'est pas tellement le geste sexuel d'incestuat qui est tabou, mais davantage le fait d'en parler. Sans doute, à notre époque, a-t-on gagné d'en parler assez librement dans la presse où il est considéré comme un crime, mais dans la vie sociale habituelle, la parole n'est pas encore reconnue aux victimes. L'incestuat réel, celui 'près de chez vous', est tabou comme dans 'toi, tais-toi'!


Le propos de ce texte est d'essayer de préciser les motifs sous-jacents aux réactions de déstabilisation que nous pouvons éprouver lorsque l'incestuat ou l'incestué réel s'approche de nous. Pourquoi donc tant de malaises?

Ajoutons encore à l'étrangeté des faits qui entourent ce crime.
Le plus souvent sur la place publique, on dira de l'incestueur ou de l'incestueuse que c'est une personne malade, un être anormal, un pervers! Les victimes contribuent d'ailleurs à un tel discours et n'utilisent pas d'autres termes que ceux-là pour parler de l'agresseur.
Les spécialistes, anthropologues et thérapeutes, contribuent également au même discours d'évitement. Les anthropologues n'évoquent l'inceste que pour le relier à la pratique adulte des rois ou aux totems des tribus primitives, ou encore pour faire état de l'interdit constant du mariage entre membres adultes d'une même famille et, font abstraction, complètement, de la pratique universelle et de longues traditions de l'incestuat; les autres, psychologues et thérapeutes, après avoir suivi longuement leur ancêtre Freud qui, sans précaution et en accord avec la morale de son époque, attribua à tout enfant le désir d'incestuer ses parents, sont, aujourd'hui, de plus en plus centrés sur leur travail de réparation des victimes et les traitent en « survivants post-traumatiques». L'avancée de traitement est importante puisqu'auparavant on soupçonnait les victimes et les traitait pour leurs fantasmes oedipiens non résolus. Mais qu'en est-il de la compréhension du phénomène humain du désir d'incestuer? Que peu!
À ce jeu, manifestement, aucun acteur de la scène sociale et professionnelle ou presque, ne semble concerné ni par la nature de l'incestuat, ni par les motifs de l'incestueur autrement que pour l'enfermer dans les qualificatifs d'anormal ou de monstre, au mieux pour le soigner en le faisant avouer son crime affreux. À terme, on n'a aucune compréhension intime de cet incestuat qui habite l'incestueur et l'incestueuse. Une sorte de discours politiquement correct semble ici prévaloir en toutes parts : victimes, public et spécialistes exécutent la même danse autour d'un non-dit sur ce qu'est cette 'chose-là'.
On est ainsi passé d'un silence complet durant des siècles et des siècles, à l'étape du XXe siècle, où Freud met en cause explicitement le désir libidineux de tout enfant, et maintenant, à un vide complet d'explications. On n'a, actuellement, aucune proposition pour expliquer les motifs qu'un adulte peut avoir de commettre l'incestuat. Ce désert de connaissances et de reconnaissance de l'incestuat est un fait de culture bien enraciné. Ainsi, quoique vous en pensiez, vous ne pourrez trouver dans la bible une seule interdiction faite à l'adulte de commettre l'incestuat sur un enfant. Vous ne trouverez - quel bel euphémisme -que l'interdit de copuler avec un parent. La porte est grande ouverte, n'est-ce pas, au délit sur l'enfant? Ajoutons que l'Oedipe, choisi par Freud pour présenter sa théorie accusatrice, relève de la même tradition, grecque ancienne cette fois, qui n'ose jamais mettre en cause le parent et accuse spontanément l'enfant de désirs pervers.

Et tout le monde balance et tout le monde danse, la morale des biens-pensants est sauve et le quatrième commandement – 'Honore ton père et ta mère' - survit pour tous ceux obligés ou pas de les honorer. La stabilité sociale l'exige, pourrait-on dire.
Avec ces considérations, s'éclaire notre postulat. Nous affirmons que l'incestuat est un 'crime social '. Il se commet et se perpétue par et dans le silence garanti de toute une société, y compris au sein de ces familles où l'exécution de l'acte a lieu. 'Honore ton père et ta mère'
constitue un impératif absolu pour celles et ceux qui veulent devenir parent ou adultes sensément « normaux ».
La façon actuelle de penser et d'agir à l'égard de ce crime, doit changer. À titre de piste de réflexion, prenons la guerre en exemple. Nous savons plus clairement maintenant que la guerre resurgit dans l'humanité avec constance parce que jamais le désir de domination n'est suffisamment dévoilé, reconnu, éduqué, orienté et pris en charge. En termes simples, on peut dire que la guerre se construit sur le désir d'exercer du pouvoir sur autrui. Ce n'est pas un élan propre aux dictateurs, c'est une pulsion quotidienne et commune à tous les humains de ma race. Vous et moi, inclus. On peut reconnaître ce fait assez facilement. Et c'est de ce nœud que, une fois résolu, naîtra l'abandon de la guerre.
Et pourquoi donc, je vous le demande, l'incestuat serait-il d'une construction différente? Pourquoi la pulsion qui l'anime serait-elle réservée aux « anormaux» incestueurs et incestueuses. Pourquoi n'habiterait-elle pas dans chacune et chacun d'entre nous?
Convenons qu'il faut aller plus loin et plus profondément dans la compréhension de l'incestuat et de l'incestueur-incestueuse, car la prévalence de ce crime ne saurait diminuer sans cette compréhension réelle du phénomène.


PROPOSITION GÉNÉRALE 


Le désir d'être l'égal des dieux se trouve
dans notre toute-puissance infantile commune



L'homme veut être l'égal des dieux. C'est le sommet du désir, de tous les désirs. Le 'top', c'est être dieu. Cela semble inscrit au profond de l'homme, de la femme aussi. De multiples façons.
Le livre de la Genèse en fait état, affirmant que Dieu créa l'Homme à son image et à sa ressemblance. (Nous serions ainsi que nous sommes par la faute ou la grâce de Dieu, voyez-vous! De toute façon, on peut tout lui attribuer de nous-mêmes. Il ne rouspète jamais.) Et la tradition chrétienne rapporte dans les évangiles que Jésus énonça l'injonction au statut divin de la façon suivante : « soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait.»
La psychologie présente une forme de ce désir d'être dieu qu'elle désigne sous les termes de la toute-puissance infantile. C'est la toute-puissance essentielle au développement du bébé et de l'enfant qui leur permet de faire tourner le monde autour d'eux et particulièrement leur mère nourricière de tout, non pas la mère parfaite, mais, la mère suffisamment bonne. Et cette toute-puissance ne disparaît pas automatiquement après l'enfance; loin de là ! Encore faut-il que nous en fassions le deuil pas à pas, étape par étape, pelure par pelure. Et alors, nous pouvons ou pourrons reconnaître notre véritable statut divin! Bien différent de l'infantile! Mais c'est là une autre histoire dont le présent texte n'est pas le propos.
Or, vous le savez, les dieux tout-puissants des humains (toujours infantiles, ceux-là), aiment à se gaver de leurs propres créatures. C'est bien connu. Les religions, primitives ou non, ont promu cette réalité que les dieux aiment la chair fraîche et ne se lèchent les babines d'apaisement qu'après une consommation de celles de leurs plus belles créatures. La religion chrétienne n'y a pas échappé, elle qui attribue de la colère à son dieu suite au péché originel d'Ève et d'Adam, colère que seul son propre fils immolé peut apaiser. « Minuit Chrétiens c'est l'heure solennelle/Où l'homme Dieu descendit jusqu'à nous./Pour effacer la tache originelle/Et de son père arrêter le courroux. » Voilà ce que beaucoup ont chanté à pleins poumons, et j'en étais. Et, une fois sacrifié le nouveau-né, la colère divine s'apaise. Ouf!


Ces dieux qui mangent sans retenue et préfèrent leur propre enfant ou les plus jolies jeunes filles ou les plus beaux éphèbes de la communauté ne doivent-ils pas être considérés comme de Suprêmes Incestueurs ? Constatons qu'ils ne s'apaisent que par copulation avec leur création ou sacrifice de la créature ou manducation de celle-ci. Et ce sont là des opérations mutuellement interchangeables.
Et, au cœur de notre toute-puissance infantile, nous voulons tous être des dieux! N'est-ce pas?
Poursuivons notre examen, si vous le voulez bien.



L'incestuat comme une expérience divine
prohibée pour le grand nombre
mais...
Autrefois et dans la plupart des cultures, nous disent les anthropologues, les humains ont prohibé l'inceste. En même temps, il est fréquent de trouver des cultures - égyptienne, grecque ancienne, inca, aztèque, etc.- où les dieux ont ce désir de copuler et de manger leur propre création, leur propre chair.


L'inceste semble avoir été une expérience si désirable chez les humains des premiers âges qu'il fut souvent réservé aux pharaons, empereurs, rois et autres de même catégorie, ceux qui, proches des dieux, descendants directs des dieux, peuvent avoir le même suprême comportement. Pour le commun, l'interdit d'inceste prévaut, mais c'est plutôt un tabou à larges mailles où les incestueurs d'enfants sont protégés par un silence garanti, pendant que les dieux et les rois, eux, s'en donnent à cœur joie entre eux. Le tabou, voyons-nous est un tissu apparemment serré, serré dont l'examen montre de larges mailles ouvertes à tout venant quand il s'agit de consommer enfantes et enfants.


Manger du bébé est encore très présent dans notre culture. Surpris? Voyez et lisez la suite.
En regardant la télé, un de ces hiers, nous tombons sur ce cuisinier américain d'origine italienne, Carlos le Cake Boss, qui commet des gâteaux et des plats excessifs. Il est en train de cuisiner des escalopes de veau au prosciutto et il les a embrochées, dessus/dessous, avec son... avec une tige en bambou avant de les faire cuire dans sa sauce épaisse... qu'il s'est fabriquée. Lorsque, en final, il les reprend pour les déguster, il proclame sur un ton de suprême désir : « come here,  baby! » Et pourtant, ni sa femme, ni son petit dernier ne sont présents sur le plateau de service et de tournage. Oh! que cela semble délicieux à l'ogre et à son dieu! Nous en salivions de plaisir avec lui.


Allons, ne regardons plus Abraham comme un monstre qu'il n'est pas, mais plutôt comme un père habité de toute-puissance et incestueux d'intentions qui projette sur son dieu Yahvé un désir de manger de la chair fraîche. Les chrétiens participent du même fantasme en faisant du Père, l'ogre mangeur et sacrificateur de son fils Jésus et, de tous les fidèles, des mangeurs eucharistiques de ce même enfant. Wow, baby!


Oui, je demande l'aide de la psychanalyse pour examiner ma proposition : le désir d'incestuat est un désir naturel et commun de devenir dieu; et la force de ce désir est tellement grande qu'elle est enfouie dans de profondes cachettes de l'inconscient.


Parmi les expressions de cette toute-puissance, l'orgasme peut-être perçu comme le sommet puisque le chemin qui y mène augmente le sentiment d'existence de l'excité, même si, à terme, c'est la dissolution du moi qui en résulte. Ajoutons sur cette trame sexuelle, qu'il y a probablement au cœur de l'humain accroché à sa toute-puissance infantile, un projet, le plus fabuleux peut-être parmi les fabuleux, d'être créateur et maître d'univers en jouissant sexuellement, en créant un 'big bang ' orgasmique, en copulation avec sa propre création : son enfant! Un projet inscrit au profond de la toute-puissance primitive de l'homme et de la femme, chacune et chacun de sa façon particulière!


J'entends des wow ! Mais faites-moi grâce un moment et poursuivons.


Pour le mâle : l'incestuat comme atténuant
la crainte de castration
Bien sûr, pour le mâle tout-puissant, cet enfant, garçon ou fille, a été créé dans une situation risquée où l'on a du introduire son sexe dans une femelle qui pouvait être prédatrice comme soi-même et, conséquemment, castratrice. Elle aurait pu nous le couper! Le mâle-dieu a pris des risques et a survécu. Ouf!
Mais l'homme-dieu n'aime pas être enclos dans cette expérience risquée de son désir conjugué au féminin. Avec son propre enfant, sa propre enfante, la chair de sa chair, il n'y a pas de risque. Pas de castration possible, car on est totalement maître par force supérieure, on peut dire suprême ici, malgré la perte de contrôle momentanée qu'occasionne l'orgasme; pas de dénonciation possible, car on maîtrise l'espace social réservé aux vraies personnes, les adultes; pas de suite, car il n'y a pas de bébé qui émerge de cette copulation cachée; pas de résistance non plus, car on peut induire chez l'enfant, garçon ou fille, une redemande ou son apparence. Matière sexuelle de première classe, toute catégorie confondue, tel est peut-être aussi l'enfant dans le fantasme du mâle-dieu.
On peut imaginer que l'incestuat permet cette maîtrise absolue et le rend incomparable aux yeux du prédateur. Quoique...la documentation montre que le mieux de l'incestueur ne l'empêche pas de continuer ses relations sexuelles avec sa femelle adulte...
 
Pour la mère : l'incestuat comme un dû réparateur
suite à une menace extrême

Pour la mère, le bébé qui a poussé dans son propre sein, qui l'a amenée, dans bien des cas d'accouchement, aux frontières de la mort, qui a besoin pour sa survie du téton gorgé et de la caresse et de la chaleur sur tout son corps, est le sens même de sa fonction essentielle. Le bébé n'a pas de zone propre. Il n'en requiert pas au départ et n'en aura que dans un plus tard qui peut-être remis à demain. Le sexe du bébé et celui de la mère ont été, sont en constante relation pour une amplitude et une intensité de motifs fonctionnels et affectifs. Les douleurs « paradoxalement im-pardonnables/pardonnées » de l'accouchement presque mortel qui ont défoncé le sexe maternel d'une part, les nécessités naturelles du nourrisson qui mettent en vedette, sans façon, tous les organes qu'usera la sexualité adulte d'autre part, font la paire. La créatrice « survivante » et sa créature « sans égard » sont essentiellement ensemble, unis dans un paradoxe d'ambiguïtés. Le bébé peut être incestué, phagocyté jusqu'à la moelle en criant de bonheur, peut penser la mère! Qu'il s'agisse d'un bébé, garçon ou fille, l'incestuat ici semble des plus naturels par proximité des sexes des sujets et comme un dû au paradoxe maternel, lequel s'est construit en donnant la vie tout en frôlant la mort.
L'incestuat, ici, est une réponse d'évidence : pas d'asservissement comme dans la copulation avec le mâle, la femelle étant l'initiatrice aux mystères; pas de menace d'une dénonciation chez l'enfant, car la maîtrise du champ public est complète; pas de suite, car l'enfant est impubère; pas de résistance, car dans cette chair malléable, l'incestueuse peut induire une redemande ou son apparence. La femme-dieu peut ainsi exercer sa toute-puissance infantile et s’« autorémunérer» de ses sacrifices obligés.


L'homme, la femme, apparemment dans une moindre mesure selon les données que l'on a, s'y sont essayés à l'incestuat, s'y essaient encore abondamment malgré la répression du tabou et des lois. Par cette voie, certains sont devenus autrefois et deviennent encore aujourd'hui, des dieux qui satisfont leur toute-puissance infantile. Oui, à leurs yeux!


Faut-il en rajouter ?
Oui, encore.


Les mères comme accélératrices
du feu incestueux des mâles
Il en a coulé du sperme avant que les hommes comprennent que cela était une contribution essentielle à la procréation. Un sine qua non. Et avant qu'ils ne le comprennent, s'est installée presque à demeure dans leur psyché, une envie exacerbée à l'égard de ce pouvoir 'éhonté, non mérité, injustifié, diabolique ' qu'ont les femmes de porter, d'accoucher d'enfants et de les materner.


L'impression qu'ils n'y sont pour rien alors que ces imbus de toute-puissance veulent être auteurs de tout, leur crée un paradoxe insupportable. Et par cette impression envahissante, le machisme fait son entrée en scène et déploie tous ses 'produits dérivés' : harem; prostitution; droit de meurtre; droit de cuissage; virginité obligée et mise à prix; invention de la sainte vierge avant la copulation, pendant la copulation, après l'accouchement avec, en prime, transportation de l'hymen au paradis; chasse aux sorcières et leur mise au bûcher autorisées par le pape catholique et exécutées par les consacrés Dominicains et autres; voilures ou grilles obligées de tous genres au visage, aux seins et au sexe, par la majorité des religions. Et elles ne votent que depuis hier et pas partout, surtout là où elles sont encore massivement excisées sur cette planète. Faut ajouter ici plusieurs etc., etc., etc. qui me dépassent et constituent des 'dommages collatéraux' indicibles. Le mâle est profondément envieux de la femelle créatrice d'enfants et ne croit en rien à son apparente soumission même s'il l'y oblige par force et tradition.
L'homme-dieu ne veut pas partager sa position unique de toute-puissance avec la femme alors qu'il est déjà forcé de la partager avec son dieu et ses voisins de tous ordres.


Il a devant lui une femme qu'il a engrossée et qui, le sexe bousillé, le cœur et le corps absorbés complètement par bébé qui la bouffe, l'évince de sa couche. Les soins maternels qui doivent lui être attribués le sont pour un autre. Bébé, fille ou garçon, est un consommateur rival qui fait la pluie et le beau temps en tout temps et à toute heure avec sa propre femelle qu'il a rendue méconnaissable. Lui abandonnera-t-il la prise ou trouvera-t-il le moyen d'affirmer sa primauté? Et l'incestuat ne lui apparaîtra-t-il pas comme le moyen magique de réaffirmer sa toute-puissance infantile, générale et sexuelle?


On comprendra facilement que le feu de l'incestueur peut être alimenté par la mère qui a le pouvoir de créer des enfants, est autorisée à la fusion avec eux, peut se laisser manger intimement par bébé, se soumet aux prérogatives de bébé aux dépens de lui et qu'il ne retrouve son équilibre de toute-puissance que par l'incestuat perpétré en temps et lieu.


CONCLUSION
Je suis d'avis que le désir d'incestuat est commun dans l'humanité et que la loi du silence qui l'entoure vise à protéger ce désir indicible.


Comme éducateur, je crois que ce désir ne doit pas être réprimé.
Réprimé, il rebondit par du déni, de l'ostracisme et, éventuellement, par la poursuite incessante de sa mise en œuvre cachée. Je crois que ce désir doit être reconnu et qu'on doit en partager publiquement le fait d'existence. Le silence doit être brisé.


L'oeuvre d'éducation accompagne ce passage par lequel chacun et chacune peut reconnaître cette animalité désirante, cette toute-puissance infantile qui l'habite et accepter consciemment d'en faire le deuil.


Pourquoi le deuil de l'incestuat? Car l'incestuat détruit la chair de sa chair dans les profondeurs de son identité. Son enfant sera détruit si on lui fait subir cette confusion. Et l'humanité ira à vau-l'eau. C'est œuvre d'autodestruction.


Pourquoi le deuil de la toute-puissance infantile? Car pouvoir et asservissement d'autrui et de ce qui est autre que soi, nous privent de cet autrui et de tout ce qui est autre. À long terme, on s'appauvrit par l'asservissement qu'il soit guerre, incestuat, prédation sans limites sur le monde animal, sur le monde végétal, sur le monde minéral, etc.. La Vie ne croît que libre et respectée. Et, privé d'autrui et de ce qui est autre, on est privé d'une part de soi. À la limite, on est seul et seul est un cul-de-sac où il n'y a pas d'atours utiles et pas d'amour possible.


Éduquer, c'est amener à la connaissance de soi, à la connaissance d'autrui, à la connaissance de tout ce qui est. Et la conscience peut, par cette connaissance, saisir que son Soi est infiniment digne, comme le Soi d'autrui et au même titre; les deux de même nature. Dès lors, pouvoir, asservissement sans humanité sur autre que soi sont des torts qu'on fait à soi-même puisqu'on est tout cela, la Vie.
Et que, enfin, c'est la seule façon efficace de devenir Dieu : celle d'être tout cela.


Post-Scriptum
Je sais que l'environnement social ne promeut que le succès, la force, la puissance et que l'individualisme ambiant avec sa profusion de consommation permet à un grand nombre l'illusion d'être investi de pouvoirs. Mon propos est à contre-courant.


Je vois que la libération sexuelle déclenchée par les descendants de Freud, dont Wilhelm Reich, au premier titre, a donné des résultats heureux, mais a aussi favorisé la montée en force de la pédophilie manifeste toute reliée à l'incestuat, lui, moins manifeste. Pédophilie, jeunisme, anorexie/boulimie, épilation totale pour imiter l'impubère sont les signes de cette tendance naturelle de consommer de l'enfant, faussement attribuée et enviée aux dieux. Je crains que dans ce contexte, l'incestuat soit en développement et non en régression. Mon propos est à contre-courant.


Je vois aussi que la tendance parentale d'offrir les enfants en spectacle en les décorant en poupées sexuées dès qu'ils savent marcher, en joueurs de hockey des plus brutes dès qu'ils peuvent patiner, en en faisant des ninjas tout-puissants dès trois ans, contribuent aussi à en faire des proies. Mon propos est à contre-courant. Comme Saint-Exupéry dans le Petit Prince, je crois qu'il faut protéger sa rose par un paravent si on lui souhaite de grandir.
Post-scriptum après le post-scriptum
Je cherche tout d'abord à ce que la compréhension de l'incestuat et de la pulsion qui l'habite s'améliore. La mienne, celle de mes semblables.
Je crois que la répression de l'incestuat par des lois constitue une étape significative, mais non définitive.
Je voudrais que la compréhension de l'incestuat supprime éventuellement sa répression. Et que tous les humains soient de la partie.


Voici l'engagement que chacune et chacun pourrait prendre.



POUR QUE CESSE L'INCESTUAT
DANS L'HUMANITÉ


APPEL À TOUTE PERSONNE
DE BONNE VOLONTÉ



C'est une pétition positive où les signataires s'engagent, en connaissance de cause, à ne jamais commettre l'incestuat, à protéger tout enfant et à parler du sujet de l'incestuat pour qu'il cesse d'être tabou.



ENGAGEMENT À FAIRE CESSER L'INCESTUAT
À titre de signataire,
je reconnais que l'incestuat constitue le crime le plus destructeur que l'on puisse commettre sur la personne d'un enfant. Il s'agit d'un geste qui stoppe la croissance d'un enfant et qui aura des conséquences néfastes sur sa vie entière : troubles de l'identité, dépression, auto-destruction, toxicomanie, pulsion suicidaire, etc..



je comprends que le désir d'incestuat n'est jamais le lot d'un enfant, mais le fait d'adultes;



je comprends que le désir d'incestuat peut habiter les fantasmes sexuels d'un adulte. Les expressions populaires de désir devant un enfant ou un éventuel partenaire sexuel tel que: « je vais te manger», montrent que ce désir habite l'adulte;



je comprends que l'adulte qui commet un acte incestueux n'a pas fait le deuil de ce désir infantile d'assouvir ses fantasmes sur un enfant. Celui ou celle qui en a fait le deuil, au pire, dira peut-être « je te mangerais», mais jamais ne passera à l'acte ou ne s'en approchera. Car il-elle est conscient de la destruction de l'enfant et de l'adulte en promesse qui serait la conséquence de tout geste incestueux.



Ω  Pour ma part, à titre de signataire de cette pétition, je choisis de faire le deuil de cette « toute-puissance infantile» qui me conduirait à asservir un enfant, le mien comme tout autre;




je fais le deuil de tout désir qui pourrait m'habiter d'incestuer un enfant;



je m'engage à faire tout ce qui m'est possible pour protéger tout enfant de tout geste incestueux et je chercherai à assurer à chacun sa croissance, que cet enfant soit mon descendant ou qu'il appartienne à l'espèce humaine dont je suis;



à l'avenir, j'accepterai aussi de parler de ce sujet pour qu'il cesse d'être tabou et que l'incestuat disparaisse.





Et j'ai signé,
le_______________à________________________



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POUR UNE NOUVELLE GARDE-ROBE D'ÉTÉ

à L'ESPACE CERCLE CARRÉ- 36 rue Queen, Montréal

Vernissage, le jeudi 26 avril à compter de 18.30h.

du mercredi le 25 jusqu'au dimanche le 28
(merc. de 12h à 18 h; jeu. de 12 h à 21.30; vend. de 12 à 18 h; sam. et dim. de 12 à 17 h.)

une série de 8 t-shirt  "L'INCESTE- PARLONS-EN!"
VOUS POUVEZ LES COPIER EN INDIQUANT VOTRE SOURCE SVP.